À toi qui se sens pris...
- Nadine Duguay-Lemay
- 3 mars 2019
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
Nous traversons tous au cours de notre vie des périodes qui sont plus difficiles que d'autres. Parfois, ces périodes se prolongent dans le temps et peuvent nous donner l'impression qu'il n'y a pas d'issues de sortie. Si tu te sens comme cela à ce moment précis de ta vie, je t'invite à poursuivre ta lecture, car j'écris ce texte pour toi tout particulièrement aujourd'hui.
J'ai traversé une période semblable il n'y a pas si longtemps que cela. Ce fut une période assez houleuse qui se ponctuait par travailler dur, vivre de paie en paie et dans laquelle je devais apprendre à gérer mes crises d'anxiété (lire: Vivre les effets de l'anxiété). Ce fut une période où j'avais l'impression que je pouvais mettre un pas de l'avant pour me retrouver face à un mur ou un obstacle qui me faisait prendre 2 à 3 pas par l'arrière. Ce fut aussi une période où j'ai souvent manqué de courage et voulu tout abandonner, car je me disais "à quoi bon"... Je me sentais comme une victime et j'ai agi comme une victime. Je croyais réellement que je n'avais pas de contrôle sur ma vie et que je ne pouvais que subir ce que celle-ci me présentait. Est-ce que tu te retrouves dans ces pensées et ces émotions?
Lorsqu'on fait face à la tourmente ou le tourbillon que peut devenir notre vie, il est primordial de prendre soin de soi. Si tu es une personne qui a beaucoup de difficulté à faire cela, car tu perçois prendre du temps pour toi comme étant un signe d'égoïsme ou de faiblesse, laisse-moi te rappeler ce que dictent les consignes de sécurité en avion: s'il devait y avoir un pépin quelconque dans les airs et que les masques d'oxygène apparaissaient, il est important de mettre ton masque avant tout pour ensuite pouvoir aider tes proches ou voisins à mettre les leurs. Si toi tu n'as pas d'air et que tu essaies d'aider alors que tu es mal en point, tu ne serviras pas à grand-chose, en toute honnêteté. Prendre soin de soi peut prendre plusieurs formes: faire de l'activité physique, s'accorder du temps de repos, se faire plaisir via un massage, un achat, ou de la bonne bouffe. Bref, à toi de savoir ce qui te fait vraiment décrocher et te donner le sentiment d'avoir refait le plein d'énergie, mais accorde-toi ce temps puisque c'est en refaisant tes forces morales et physiques que tu seras en mesure de prendre des décisions plus éclairées. Sache que je te dis cela, car je l'ai vécu; lorsqu'on est en manque de sommeil, cela a un impact sur notre appétit ainsi que notre humeur, ce qui détient un impact sur notre performance au travail ou encore dans notre vie personnelle, provoquant même l'isolement social, car on ne veut pas faire face aux autres, craignant qu'ils nous voient dans cet état. Dormir, manger, s'hydrater et être entouré de d'autres êtres humains sont tous des besoins essentiels pour fonctionner. Tu n'as qu'à regarder les tactiques qu'emploient les mercenaires pour torturer une personne et ça touche généralement ces 4 besoins de base. Pourquoi se torture-t-on de cette façon, en se privant souvent de manger, de ne pas boire assez, de ne pas dormir et de s'isoler alors que ce n'est pas infligé par des circonstances extraordinaires comme une guerre? C'est une bonne réflexion, n'est-ce pas?
M'accorder du temps, même si c'était juste pour faire des siestes m'a permis de retrouver mes forces physiques, mes capacités mentales et mon épine dorsale. J'ai commencé à prendre des décisions qui étaient axées sur le long-terme et qui étaient ancrées dans mes valeurs, plutôt que de cumuler une mauvaise décision après une autre parce que je les prenais en mode "désespoir" ou en mode "pansement". Si tu te retrouves aujourd'hui dans une situation qui te semble de plus en plus désespérée, c'est là que je t'invite à combattre tes réflexes de trouver des pansements sur la situation. Accorde-toi du temps pour réfléchir ou pour réellement écouter tes pensées. Souvent, notre coeur nous montre la voie à suivre ou du moins des pistes de solutions et nous refusons de l'écouter. Ce refus d'écoute est causé en grande partie par les peurs qui nous habitent, ainsi que par les mécanismes de défense que nous avons adopté au fil des années. Par exemple, peut-être trouve-tu plus facile de t'occuper au point que tu n'as jamais de temps pour toi ou pour ton entourage, car c'est une bonne façon de t'attirer la sympathie des autres (le ou la pauvre esclave, obligé(e) de travailler comme un(e) bon(ne) à cause de....) et de transférer tes problèmes sur eux. Peut-être trouve-tu que c'est plus facile de t'insensibiliser à la réalité en prenant des drogues ou de l'alcool ou autres types d'addictions, car tu as l'impression que tu n'arriveras jamais à atténuer la douleur qui te ronge à l'intérieur. Ou enfin, peut-être que jouer à la victime te sert, car les gens viennent à ton secours continuellement et finissent par régler tes problèmes. Qu'importe le mécanisme de défense que tu emploies pour composer avec la situation actuellement, je crains pour ta santé et celle de ton entourage, car ce ne sont pas des mécanismes viables et sains.
Faire face à tes peurs et à ta douleur peut-être quelque chose de très effrayant, j'en conviens. L'un des plus gros problèmes que j'ai trouvé avec les peurs est le fait qu'elles alimentent notre imagination, créant des scénarios dans notre tête et nous angoissant au plus haut point dans le processus. On s'imagine toutes sortes de situations fictives, surtout lorsqu'il s'agit d'écouter son coeur et de vouloir mettre en action la voie qu'il nous démontre. J'aimerais te rassurer à quelques niveaux par rapport aux peurs qui t'habitent. Tout d'abord, j'ai rarement vécu les scénarios que je me suis imaginée face à une situation. Ce fut souvent le scénario non-anticipé qui s'est déroulé dans la réalité et les sensations de surprise et de soulagement qui m'ont accompagnés dans ces situations m'ont fait réalisé que ça ne sert à rien de perdre son temps à s'angoisser sur le "et si...?". Vaut mieux passer son temps à bien se préparer et à réfléchir sur la voie qui colle à nos valeurs et qui est dans notre meilleur intérêt ou celui des gens concernés dans la situation donnée. J'ai aussi commencé à voir l'aspect positif de nos peurs, car elles sont là pour des raisons et celles-ci ne sont pas toutes négatives. Les peurs jouent un rôle dans notre intérieur et lorsque l'on détecte ce qu'est ce rôle, ça nous aide à mieux les gérer. Mes peurs ont le rôle de jouer l'avocat du diable et quand je les normalise de la sorte, je les atténue en me préparant mieux et en développant mes arguments.
Je conclus en te confirmant que j'ai pu me sortir de ma période difficile. Même si ça fait cliché de l'écrire, je peux te dire que ça a fait de moi la personne que je suis aujourd'hui, c'est-à-dire une personne très ancrée dans ses valeurs, se laissant guider par son coeur, et qui se sent solide sur ses pieds. Il y a une certaine sagesse qui s'est installée et j'ai surtout appris à apprécier le fait que je me relève face aux obstacles ou aux embûches de la vie plutôt que de me laisser définir par celles-ci. Cette période que tu traverses n'est qu'un moment dans ta vie et n'est pas représentatif de ce qui est encore à venir et de la merveilleuse personne que tu es.
Ressource:
Services de santé mentale au Nouveau-Brunswick: https://www.gnb.ca/0055/mental-health-f.asp

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