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Mon verre d'empathie est vide

  • Photo du rédacteur: Nadine Duguay-Lemay
    Nadine Duguay-Lemay
  • 13 janv. 2019
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 30 mars

Cette semaine, j'ai besoin de parler de la réalité des gens qui vivent au quotidien avec des personnes atteintes de problèmes de santé mentale. En passant, ce sujet touche une bonne portion de la population puisqu'un Canadien sur cinq souffrira personnellement d'une maladie mentale pendant sa vie, selon Santé Canada. Soyons clairs du départ que je ne cherche aucunement à dénigrer les souffrances des gens atteints de problèmes de santé mentale ni à être prise en pitié. Leurs souffrances sont très réelles, bien que pas toujours visibles. Je désire tout simplement partager les sentiments d'une personne qui se retrouve à être plus souvent qu'autrement l'unité de crise mobile et qui se retrouve aujourd'hui au bout du rouleau.


Au moment ou j'écris ces mots, je me sens drainée émotionnellement et physiquement. (Le fait que je couve une grippe n'aide pas l'aspect physique, c'est sûr). Ce fut une semaine remplie de rebondissements inattendus et qui était destinée au départ à être une semaine de vacances. Il faut dire que c'est la première fois de ma vie que je m'accordais 3 semaines consécutives de congé. Cette dernière semaine était nécessaire et attendue avec tellement d'attentes. Or, la vie en a décidé autrement. J'ai été au service des autres et d'un certain sens, la vie a bien fait les choses que j'étais justement en vacances et peut-être plus dans la capacité que d'autres d'être là comme soutien. De l'autre côté, me voici à la veille de ma rentrée au boulot me sentant complètement drainée et certainement pas avec les piles de mon corps bien alimentées.


J'ai appris cette semaine que le travail n'est pas toujours en cause dans l'épuisement ou comme on l'appelle plus communément, le burn-out. Ayant vécu un début d'épuisement professionnel en 2016, je connaissais bien les facteurs et les causes. Toutefois, notre vie personnelle peut être aussi à la base d'un épuisement. Lorsqu'on commence à considérer que d'aller au travail est comme une "vacance" et nous fournit un "break" de notre vie personnelle, il y a peut-être des signes précurseurs de l'épuisement du soignant. C'est très commun parait-il chez les professionnels de la santé dans ce rôle, tels que les thérapeutes et les infirmières, mais ça touche aussi les gens qui essaient toujours d'aider leur entourage, comme ceux qui soutiennent un être cher malade.


Je suis cette personne, c'est-à-dire celle qui est toujours là.


Souvent, j'ai l'impression qu'on me prend pour une valise, c'est-à-dire qu'on prend pour acquis que je vais être là et en soutien. On ne me demande pas si j'ai le temps ou les capacités de le faire. C'est attendu, tout simplement. Je suis la personne forte, celle qui va aller en mode solutions et qui reste calme et dans l'objectivité. C'est du moins comment je me sens face à plusieurs personnes de mon entourage. La vérité qui semble leur échapper est que je ne suis PAS thérapeute ou psychologue et que je ne suis pas très souvent outillée pour faire face à des situations complexes dépassant la compréhension de mon vécu ou de mes connaissances. Je suis humaine tout simplement et parfois je n'ai pas les capacités émotionnelles, mentales ou physiques pour être en soutien.


Utilisant le scénario que me lance souvent mon thérapeute, soit celui d'avoir à ma disposition une petite fée possédant une baguette magique et qui peut changer ce que je veux dans ma vie, je souhaite en ce moment par-dessus tout retrouver mon empathie et obtenir du respect. Mes propres capacités étant limitées, cela affecte mon verre d'empathie et détient un impact considérable sur mes proches. Je me suis vue avant les fêtes ne pas venir en soutien (comme j'aurais du le faire) à une bonne amie vivant une situation traumatisante. Je me suis déjà vue opter une attitude plus nonchalante envers ma famille face à leurs épreuves, du style "suck it up buttercup" parce que mon verre d'empathie était vide. Je me suis vue m'isoler aussi des autres afin de m'accorder une pause mentale.


Il y a une dure réalité qui apparaît tranquillement quand on est la personne de soutien et elle est malheureusement néfaste pour tout le monde. On vient à manquer d'empathie pour ce que vivent les gens, on en vient à adopter des stratégies ou des comportements qui ne sont pas aidants et par-dessus tout, on vient à même questionner nos choix de vie ou s'éloigner de nos proches, car on devient désespérés. Et on se sent seul(e).... très seul(e) même. Je comprends qu'il est important d'imposer ses limites et de s'affirmer dans le processus afin de ne pas se rendre au point du ressentiment et de l'impuissance, mais lorsque le danger est très réel et présent, on ne s'accorde pas le luxe de l'affirmation... du moins c'est mon cas.


Malgré que je vous parle du besoin d'empathie, je désire clarifier que je ne cherche pas à l'obtenir des autres. C'est un travail que moi seule peut accomplir en prenant soin des quatre piliers fondamentaux de l'être humain, soit l'hydratation, l'alimentation, le sommeil et le social ainsi qu'en me vacant à des activités m'énergiseant ou qui sont de bons exutoires (telles que l'écriture). Vous savez, on prend souvent pour acquis les besoins fondamentaux du corps humain et pourtant, lorsqu'on regarde les tactiques de torture employées dans des guerres, ce sont ces besoins qu'on retire immédiatement. Si tu veux faire craquer une personne, quoi de mieux que de ne pas lui donner à boire ou à manger (ou très peu), ne pas lui permettre de dormir et en l'isolant. Allo le résultat! Et pourtant, on se torture de la sorte quotidiennement.


J'espère ouvrir le dialogue sur l'empathie et sur l'impact des problèmes de santé mentale. Il y a de grandes souffrances de toutes parts et il est important d'en parler afin d'échanger des bonnes pratiques, des trucs et astuces et surtout, pour ne pas se sentir seuls. Je dis toujours dans mon quotidien professionnel qu'il faut aller à la rencontre des gens et tenter de comprendre où ils sont à ce moment précis de leurs vies ... d'accueillir ce qui nous est relayé et tenter de trouver une expérience semblable dans notre propre vécu qui peut permettre de comprendre l'émotion ressentie par l'autre. Je vous invite donc à identifier une expérience qui vous a fait ressentir des émotions semblables à celles véhiculées et de commenter sur celles-ci. Nous ouvrirons donc le dialogue dans l'empathie...



 
 
 

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