Le processus que j’ai entrepris pour arriver au lâcher-prise
- Nadine Duguay-Lemay
- 4 sept. 2023
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
J'ai pris d'importantes décisions au cours des dernières semaines qui m'ont apportées une grande sensation de bien-être et qui m'ont surtout fait véritablement vivre les effets du lâcher-prise. Le processus décisionnel cependant pour se rendre à ce point a été assez houleux autant pour moi que pour mes proches qui m'ont vu faire toute une danse pendant cette période de réflexion, avec un pas vers l'avant, deux pas vers l'arrière et peut-être trois ou quatre pas de chaque côté (J'aime la danse, que voulez-vous!). Je craignais tellement de prendre des "mauvaises décisions" que je mettais beaucoup l'accent au début sur les résultats imaginés ou les conséquences avec lesquelles je pensais que je vivrais mieux. C'est lorsque je me suis arrêtée à identifier les peurs qui m'habitaient et les cordons qui m'attachaient que j'ai pu entreprendre mon propre processus de laisser aller et de prendre les décisions qui étaient les meilleures pour moi à ce stade de ma vie.
Je ne sais pas pour vous, mais j'ai souvent abordé le sujet du lâcher-prise dans des sessions de coaching, de thérapie, ou même avec des amis proches au cours de ma vie. Ça ne me venait pas facilement, parce que je suis une personne qui depuis un jeune âge, s'est entourée de la culpabilité, de la honte, et d'un très grand sens des responsabilités envers les autres (je parle des raisons pour cela dans d'autres articles de blogue). Ajoutons à cela le fait d'être profondément habitée par la valeur de la justice sociale et d'avoir été le genre de personne qui a adopté très jeune comme mécanisme d'adaptation de devenir une super performeure et disons que ce sont tous des ingrédients en fait pour ne pas lâcher-prise sur quoi que ce soit ! La maladie (névralgie occipitale) a pris le dessus il y a quelques années et cette condition qui avait été jusque là ponctuelle, maintenant installée en permanence, était certes un signe d'alarme très fort. Et bien, il aura fallu que je passe à travers 5 opérations à l'intérieur de 15 mois et de ne pas nécessairement arrêter la cadence du côté professionel non plus pour me retrouver réellement à terre, anéantie, et ce à plusieurs reprises au cours des 12 derniers mois. Lorsque j'ai entamé mes vacances en juillet, j'étais complètement à plat et le pire est que je n'ai pas été en mesure de me ressourcer et de prendre soin de moi, même si j'ai désespérément essayé. Un jour, alors que je marchais sur le sable pour y chercher du verre de plage, une image s'est manifestée dans ma tête ou mon inconscient, soit celle d'un voilier qui voguait paisiblement, voir presqu'arrêté, sur une mer paisible sous un ciel parsemé à la fois de nuages et d'éclaircies de soleil. Habitée par cette image qui était très puissante et qui ne m'a pas lâchée depuis qu'elle s'est manifestée ce jour sur la plage, j'ai entrepris ce voyage intérieur et qui m'a mené aux décisions que j'ai prises.
Quel a été mon processus ? Et bien, ce fut d'identifier toutes les peurs et les sentiments qui m'habitaient. Lorsque j'ai pu identifier par exemple le sentiment de responsabilité que j'avais envers certaines personnes, j'ai entrepris la démarche de leur parler directement et de leur partager tout simplement ce sentiment. Mon but n'était certes pas de transférer ce sentiment de responsabilisation sur eux ou encore de leur inculquer un sentiment de culpabilité quelconque, mais tout simplement de partager et de leur faire comprendre à quel point ces gens là étaient importants pour moi et que je ne voulais pas qu'ils pensent que je les abandonnais avec les décisions que je contemplais. C'est à travers ces conversations que j'ai commencé à couper un à un ces cordons invisibles (mais tellement présents) qui me rattachaient à eux. J'ai ressenti une réelle compassion et compréhension de la part de ces personnes et en plus, ces gens m'ont accordé ce que j'avais de la difficulté à faire par moi-même, soit celui de m'accorder la permission de prendre ces décisions et de ne plus porter ce sens de responsabilité qui ne m'appartenait pas.
Un des autres éléments qui a beaucoup aidé dans mon processus a été la sagesse partagée par mon amie et coach Isabelle Lanthier, qui me disait de prendre conscience qu'avec toutes les décisions que l'on prend dans la vie, il y a des pertes et des gains. Une décision ne se résume pas juste à faire le bilan des avantages et des inconvénients, mais de prendre conscience que même derrière les avantages perçus, il peut se cacher un sentiment de perte potentielle et qui sera à vivre. C'est le cas par exemple de dire oui à une autre opportunité et de vivre le deuil de quitter ce que l'on connaît et aime faire. Cela a été un grand apprentissage et qui a été très aidant dans mon processus décisionnel. Il y a eu aussi la réalisation de me concentrer sur ma santé, tant physique que mentale et spirituelle. C'est en songeant à ces 5 opérations et ces dernières années à vivre dans la douleur que j'ai pu me raisonner que de continuer sur la même voie n'allait qu'empirer mon état de santé, alors que je voyais déjà des évidences physiques se manifester, tels que des troubles digestifs, de l'insomnie, des réactions cutanées, et j'en passe ! Je ne venais pas de retrouver (enfin) une qualité de vie grâce à la dernière opération réussie pour me ruiner à nouveau la santé. Là non, je refuse !!!
J'ajouterais que de me pardonner a aussi fait partie de mon processus, car derrière les diverses émotions que j'ai pu vivre cette dernière année se cachaient toutes les pensées qui remettaient en question mes comportements, mes décisions et mes actions. C'est en prenant conscience de leurs présences que j'ai pu me raisonner et entamer le processus de les accueillir, mieux comprendre et de me pardonner s'il y avait lieu ou tout simplement laisser aller si ça ne m'appartenait pas. Enfin, c'est aussi en réalisant que mon syndrome de la personne sauveure, un rôle qui m'a été confié dès un jeune âge par des adultes, devait être adressé une fois pour toutes. C'est en fait un syndrome qui se veut à la fois bénéfique et toxique (comme toutes choses), puisque sur le plan positif, j'ai pu réaliser de grandes choses et apporter du changement positif dans certaines situations ou pour des gens. Du côté toxique, et bien j'ai pris littéralement sur mes épaules des situations, des organisations, des gens, etc. et cela m'a rendu parfois très malade. Ceci vous fera peut-être rire, mais j'ai eu besoin de visualiser avoir des conversations avec la Nadine qui désire sauver le monde. De lui dire de prendre une pause, car elle s'amenait par terre et que même si c'est très noble de vouloir changer le monde et que son militantisme pour les causes dans lesquelles elle croit ardemment est admirable et même nécessaire, elle sera beaucoup plus utile en prenant soin d'elle-même et en se ressourcant. J'écris ces lignes et ça me fait verser quelques larmes, comme quoi laisser aller cette Nadine sauveure m'a aussi fait vivre un sentiment de perte et je vis le deuil de ne plus avoir ce personna aussi présent dans ma vie.
J'aimerais vous partager maintenant comment s'est manifesté sur tous les plans ce processus, car voilà où j'ai ressentie la réelle magie du lâcher-prise. Un moment tout particulier me vient en tête, soit celui d'une conversation avec un ami survenue en fin de journée de travail (un jeudi je crois), assis sur une table de pique-nique à l'extérieur du marché de Dieppe et qui m'accompagnait dans tout ce processus. Il n'arrêtait pas de me dire : "je t'écoute parler et ça semble comme si tu as pris des décisions, mais je ne t'entends pas les dire clairement non plus, donc... es-tu décidée ou qu'as-tu décidé ?". Il a dû me répéter cela au moins 2 ou 3 fois, et c'est peut-être lorsque je l'ai entendu dire cela la troisième fois que j'ai tout simplement répondu avec un "yeah" (oui) et il a confirmé par une autre question ce à quoi je disais oui et cette fois, je me suis levée en disant le "yes" (on note l'évolution du yeah à yes) et nous avons commencé à marcher vers nos voitures. Je venais de prendre ma/mes décision.s. Une fois rendue à la maison, mon mari et moi sommes allés marcher notre chien et je lui ai fait part de mes décisions. Lorsque je lui ai partagé celles-ci, l'image du voilier était très présente dans ma tête et je lui ai dit à quel point je ressentais du soulagement et une paix intérieure. Ne voulant que mon bonheur et bien-être, il était très heureux et probablement très soulagé que j'avais pris ces décisions. La beauté avec le lâchez-prise, cest que ce que les autres peuvent dire (ou même penser) ne nous impacte plus, ou du moins, n'a plus de pouvoir ou d'emprise sur nous. J'ai pu voir ceci en action alors que mes décisions étaient partagées dans mon entourage immédiat et les réactions des gens n'avaient aucune incidence sur comment je me sentais. Cela ne veut pas dire que je n'avais pas de compassion et d'écoute pour eux dans ce qu'ils vivaient ou auraient à vivre, mais ces réactions n'allaient pas changer les décisions que j'avais prises.
Cette paix intérieure ne m'a pas délaissée depuis que j'ai pris plusieurs décisions. L'image du voilier est toujours aussi présente. Je me laisse maintenant guider par les émotions qui peuvent m'habiter lorsque je contemple de nouvelles options. Je réalise que l'univers continue peut-être de me tester, car je tend encore à ne pas dire non tout de suite lorque je suis présentée avec des nouvelles opportunités. J'accepte cela, car je comprends que l'important est la trajectoire et le processus que j'entreprends pour me rendre aux prises décisionnelles. Si je ressens du stress, une sensation d'être débordée, de l'angoisse ou encore un feeling qui ne cadre pas avec mon voilier intérieur, je m'accorde un temps de réflexion et pour le moment, je retourne toujours aux décisions que j'ai prises. Cela ne veut pas dire que je ne m'accorderai pas le droit de prendre des décisions différentes, mais je maintiens le cap pour l'instant sur mes plans. Je termine en vous partageant que le retour à l'écriture et à ce blogue fait partie de ceux-ci, ainsi qu'un retour aux études à temps partiel (MBA en innovation, leadership et consultation) à compter du mois d'octobre. Pour la première fois depuis longtemps, je suis excitée par le futur.
Au plaisir de vous retrouver et surtout, de reconnecter sur un plan authentique et humain.

Image du photographe Karasenko Max, achetée sur Shutterstock.
Ce texte est un de ceux qui vont rester graver dans mon coeur. Merci beaucoup.
Merci pour ce très beau texte inspirant, que je redécouvre en cette saison d'automne propice à la douce réflexion.
Chère Nadine,
J’ai les yeux dans l’eau en te lisant. La danse des pas, ça je connais! MERCI pour ton partage sage et intègre. Ton texte est très inspirant. J’étais désolée d’apprendre tes chirurgies. J’espère que ça ira mieux. Se ré-énergier prends du temps, du courage et de la patience. Ton voilier aussi sait qu’il faut temps, patience et courage pour traverser l’océan!
La vie est tellement difficile par bout!! Protège précieusement ta paix intérieur. C’est l’essentiel.
Hélène