Le temps arrange-t-il vraiment les choses? Une réflexion sur le pardon
- Nadine Duguay-Lemay
- 6 janv. 2019
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 mars
L'arrivée d'une nouvelle année est souvent un moment d'arrêt propice pour faire une rétrospective des 12 derniers mois et qui, selon les incidents qui ont ponctué ceux-ci ou les choix que nous avons faits, influence les résolutions que nous prenons pour 2019. (Admettez-le, vous avez au fond de vous au moins une résolution quelconque même si elle n'est pas partagée avec les autres). Personnellement, je constate que la pause que je m'accorde pendant la période des fêtes me permet de cogiter autant sur ma vie que sur celle de mon entourage. Ces jours-ci, ce qui habite mes pensées est le pardon et l'influence que le facteur temps détient sur celui-ci.
J'ai partagé dans ma dernière publication traitant sur l'anxiété que j'avais vécu une période traumatisante au début 2008 alors que je vivais une séparation. Je l'avoue, j'ai appréhendé l'arrivée du mois de janvier pendant de nombreuses années suivant cet incident marquant dans ma vie et ce , malgré toutes les thérapies que j'avais suivi ou les méthodes d'adaptation que j'avais mises en place. J'entamais pourtant la période des fêtes avec un enthousiasme palpable, mais une fois rendu près du Jour de l'an, je commençais à ressentir une appréhension et un malaise général qui pouvait se manifester avec de légers symptômes. Ce n'est que dans les cinq dernières années que j'ai commencé à percevoir une réelle différence dans la façon que je me sens à cette même période.
Certains m'ont avancé que la raison pour laquelle cet état d'âme m'habitait était liée au fait que notre corps abrite des mémoires cellulaires, c'est-à-dire les expériences heureuses et malheureuses de notre existence. En fait, paraît il selon cette citation de l'École en mémoire cellulaire que "notre corps garde en lui les mémoires enfouies de nos souffrances d’enfant, de fœtus, celles de nos parents et ancêtres" (source: https://bit.ly/2SF0DPD) . Pour mieux comprendre le terme, ma recherche Google m'a menée à l'Institut de psychologie corporelle intégrative situé à Montréal et qui cite vers le milieu de l'article que "...c’est essentiellement à travers le corps que l’expérience psychologique se vit et est mise en mémoire" (source: https://bit.ly/2VA4jE4). Si je résume ma compréhension du phénomène, les expériences liées au trauma que j'ai vécu en janvier 2008 se sont imbibées dans mon "moi intérieur" si on peut dire, et se sont longtemps manifestées à chaque janvier, car elles se souviennent de ce qui est arrivé. Le tout est possible, mais comme le but de ce texte est de parler du pardon et non pas de mon expérience avec celui-ci, on va poursuivre sans commencer à débattre la mémoire cellulaire. :)
D'autres m'ont parlé des effets du trauma, du lâchez-prise et de l'acceptation, mais peu m'ont parlé du pardon, mis à part les leaders spirituels que j'ai consulté sur le sujet. Comme plusieurs, j'ai eu à pardonner aux gens qui m'ont fait du mal, tout comme j'ai eu à demander pardon pour le mal que j'ai pu causer à d'autres. On est humains après tout ! J'ai cru pendant longtemps que le pardon, lorsqu'accordé, se vivait comme cette émotion intense, tel un grand soulagement qui est palpable immédiatement. Or, mon expérience avec le pardon n'a pas du tout été vécu de la sorte et je peux dire que ce fut ainsi à au moins trois reprises dans ma vie. En fait, je me suis tout simplement rendue compte qu'à un moment donné, je n'avais plus de ressentiment, de peine ou de colère envers la personne. C'était comme si tout d'un coup, du jour au lendemain, mais quand même après une longue période de temps, je voyais la personne et rien ne m'affectait. Dans deux situations, je me souviens avoir été en présence de ces personnes (après une longue période de temps sans contact) et bien que je me suis sentie un peu mal à l'aise, je me sentais tout à fait bien. L'expression "beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis...." a réellement pris son sens pour moi suite à ces expériences. Je me retrouvais en compagnie d'une personne, qui m'avait fait beaucoup de mal et avec qui j'avais envisagé au fil des années toutes sortes de scénarios les plus farfelus les uns que les autres au moment que nous nous reverrions, et je ne ressentais A-U-C-U-N-E animosité. La grande révélation? Je leur voulais même du bien! Wow, hein?
Je sais que ça fait cliché d'employer l'expression "le temps arrange les choses", mais je fais le lien entre le temps et le pardon. J'ai demandé et même prié à maintes reprises de trouver la force de pardonner ou de tout simplement l'accorder, car je ne voulais plus vivre avec ces sentiments néfastes à l'intérieur de moi et surtout pas envers une autre personne. Et pourtant, la façon que j'ai ressenti le pardon fut sans crier gare et sans s'annoncer. Je n'ai pas souvenir dans ces instants même de revoir la-les personne(s) et d'espérer le pardon. Ça s'était fait tout simplement en cours de route sans m'en rendre compte finalement. Je me souviens cependant du sentiment d'émerveillement qui m'a accompagné après chacune de ces occasions et de penser "mais à quel moment est-ce arrivé (ce pardon)?" et "wow, quelle sensation !".
Je n'ai pas beaucoup de réponses à vous donner quant aux raisons pouvant expliquer comment j'ai vécu le pardon. Je vais laisser les autres se prononcer et peut-être m'éclairer dans le processus. Je pense toutefois que lorsqu'une personne est bien intentionnée et ne désire pas rester en conflit avec une autre personne, le tout se remettra en place. Ça demande parfois du temps, de l'espace et peut-être même de l'accompagnement pour que ça se réalise, mais somme toute, c'est possible de pardonner et d'être pardonné quand on le souhaite.
Qu'en pensez-vous?

Comments